2ème dimanche de l’Avent (Homélie)
Abbé Jean Compazieu | 28 novembre 2021Tournés vers le Christ avec Jean Baptiste
Textes bibliques : Lire
Pour comprendre les textes bibliques de ce dimanche, il convient de les situer dans leur contexte historique. Nous avons tout d’abord Baruc qui appelle son peuple à la joie et à l’espérance. Ce peuple a été déporté en exil et humilié. Mais il va retrouver le bonheur et la liberté. C’est cet appel à la l’espérance que nous entendons dans la 1ère lecture : « Quitte ta robe de tristesse et de misère et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours ».
L’Évangile de ce jour est une réponse à cette annonce : il nous ramène à une situation bien précise de l’histoire. Luc met au-devant de la scène tous les personnages politiques et religieux du moment : l’empereur romain Tibère, son représentant en Judée Ponce Pilate, Hérode prince de Galilée et d’autres petits rois. Il cite également les autorités religieuses, Anne et Caïphe. Face à ces personnages prestigieux, nous avons un homme tout simple ; il s’appelle Jean ; il ne vit pas dans les palais ni dans le temple mais dans le désert. C’est là que la Parole de Dieu lui est adressée.
« La parole de Dieu fut adressée à Jean dans le désert ». En nous disant cela, l’évangéliste a quelque chose d’important à nous faire découvrir : au temps de Jean Baptiste, c’était dans le désert que la Parole de Dieu pouvait être le mieux entendue. C’est important pour chacun de nous aujourd’hui : à la manière de Jean Baptiste, nous sommes tous invités au désert pour entendre ce que Dieu à nous dire aujourd’hui. C’est ainsi que nous pourrons préparer son chemin.
Bien sûr, il n’est pas question de consulter une agence de voyage pour aller dans le Sud Du Sahara. Le désert dont Dieu nous parle, il est en chacun de nous. Le désert est synonyme de silence. Aller dans le désert, c’est trouver le silence. Nous vivons dans une société où le bruit nous envahit de tous côtés. Et pourtant, le silence est absolument essentiel. « Nous sommes trop sollicités par ce monde qui va trop vite. Nous ne prenons pas le temps de nous arrêter, de faire silence pour que nous puissions nous poser la question de savoir si la vie que nous menons est bien accrochée à l’essentiel (Jean-Louis Étienne).
Emportés les uns et les autres dans le tourbillon de la vie, il nous faut faire des moments de désert si nous voulons rester des hommes et des femmes d’intériorité, si nous voulons simplement rester des croyants. Noël, c’est la visite de Dieu dans nos cœurs, mais si nous sommes ailleurs, la visite n’aura pas lieu. Pour l’entendre, il faut que nous l’écoutions. C’est pour cette raison que Jean va au désert. C’est dans le silence que nous commençons à entendre. Dieu ne demande qu’à parler au cœur de chacun.
Ce désert dont parle saint Luc nous renvoie également à celui que nous subissons : le désert de la pandémie que nous avons vécu et qui est toujours d’actualité… le désert terrible de la maladie… le désert brûlant de la mort… le désert glacial de la solitude… le désert aride de l’échec professionnel ou du chômage…
C’est dans tous ces déserts que les paroles de Jean Baptiste nous rejoignent : « Préparez les chemins du Seigneur… Aplanissez sa route ! » Pour répondre à l’invitation de Jean Baptiste, il nous faut combler les ravins de notre méfiance, abaisser les montagnes de nos préjugés et de nos apriori, il nous faut aplanir les sentiers de nos égoïsmes personnels et collectifs et de notre petite tranquillité. Cette conversion à laquelle Jean Baptiste nous appelle, c’est vraiment un changement de toute notre vie.
Cette conversion pour le pardon des péchés est offerte à tous. Mais elle ne peut devenir efficace que si nous l’accueillons librement. Ce n’est pas d’abord un passage du vice à la vertu ; c’est surtout un passage du fatalisme à l’espérance, du doute à la foi, du repli sur soi à l’ouverture. L’espérance chrétienne c’est de croire que Dieu est à l’œuvre. Même quand tout va mal il est là. Il agit dans le cœur des hommes. Nous en avons des signes dans les gestes de dévouement et de solidarité des uns et des autres. À travers eux c’est Dieu qui est là. Son amour est plus fort que la haine.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous dit précisément que ce salut de tous les hommes est réalisé en Jésus-Christ. Ce n’est pas vous qui avez eu l’initiative. C’est d’abord l’œuvre de Dieu ; et nous y sommes tous associés. Ce qui nous est demandé, ce n’est pas de travailler “pour” le Seigneur mais de travailler à l’œuvre “du” Seigneur. Le principal travail c’est lui qui le fait dans le cœur de chacun et il veut nous y associer tous.
Ils sont nombreux dans le monde ceux et celles qui se préparent à fêter Noël. Mais beaucoup vont vivre ce jour en oubliant celui qui devrait être au centre de cette fête. Préparer Noël, c’est d’abord accueillir Jésus qui vient, c’est se mettre à l’écoute de son Esprit Saint, c’est aller au désert pour mieux entendre son appel. Par l’Eucharistie qui nous rassemble chaque dimanche, il vient nous éclairer et nous rendre la vie. Prions-le afin qu’il fasse grandir en nous sa vie divine.
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Sources : Revues Feu nouveau, fiches dominicales… dossiers personnels…
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Fête de l’Immaculée Conception : Lire
En route ! L’Ancien Testament est marqué par ce dynamisme : la marche vers la Terre Promise. Dieu conduit son peuple. « Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice. » (Baruch 5:9) Les trois textes liturgiques de ce dimanche nous parlent tous de ce même thème : se mettre en route pour un avenir que Dieu nous prépare. Le prophète Baruch évoque la marche des exilés que Dieu ramène en triomphe vers Jérusalem. « Debout, Jérusalem ! […] Tu avais vu partir tes enfants à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. » (Ba 5:6) Saint Paul, s’adressant aux Philippiens, les invite à marcher ‘en toute clairvoyance’ sur le chemin vers Dieu : « Dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. Ainsi, serez-vous purs et irréprochables pour le jour du Christ… » (Ph 1:9-10) En citant les oracles d’Isaïe, l’Évangile nous exhorte à ‘préparer le chemin du Seigneur’ : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. » (Lc 3:4-6)
En route vers la Plénitude. S’épanouir et donner un sens à sa vie. Tout chrétien part à la recherche de la Patrie céleste avec la Parole de Dieu comme boussole. Une longue marche dans la foi. En route vers Noël, c’est entreprendre des préparatifs intérieurs pour aller à la rencontre de Jésus. Il viendra vers nous avec son Amour et sa Paix. « Préparer le chemin du Seigneur », c’est poser sans détour un regard sur notre vie pour y mettre de l’ordre. C’est se débarrasser avec courage de tout ce qui nous encombre pour ne garder que l’essentiel. C’est évaluer en toute franchise nos compétences pour exploiter au mieux nos qualités. Aussi, prenons suffisamment de recul pour discerner nos défauts. « Préparer le chemin du Seigneur », c’est oser changer nos habitudes pour nous ouvrir davantage à Dieu et aux autres. Cette démarche demande de la persévérance et une bonne dose d’humilité. « Préparer le chemin du Seigneur », c’est faire en sorte que Dieu grignote chaque jour un peu plus de place en nous et autour de nous. Ainsi, vivre le temps de l’Avent, ce n’est pas attendre, les bras croisés, que descendre du ciel un monde merveilleux, mais c’est préparer le chemin pour que Dieu puisse venir s’installer dans notre âme. Et c’est au quotidien que nous avons à préparer un espace de choix à Dieu dans notre vie. Pour chacun, il n’y a pas de chemin tout tracé mais un objectif à atteindre. Des bévues et des chutes n’épargnent personne ! À chacun sa route et aucune n’est absolument droite. Pour certains, la voie semble parsemée de douceur et de tendresse. Pour d’autres, en revanche, le parcours est tortueux et truffé de maladresses. Nombreux et différents sont donc nos chemins personnels.
Dans la vie comme dans la foi, nous sommes tous des pèlerins. Tout au long de notre voyage, nous sommes amenés à découvrir au fur et à mesure la voie que Dieu nous suggère. Une formidable odyssée ! Ce chemin-là est unique et nous l’empruntons à partir de ce que nous sommes, avec nos forces et nos fragilités, avec nos souffrances et nos joies. Dieu ne nous demande pas l’impossible. Il n’exige jamais que nous allions au-delà de nos capacités. Au contraire, Il est toujours là pour nous accompagner et nous aider. Il suffit de mettre nos pas dans les siens. Il est à nos côtés ! Partons à la découverte de Dieu dans notre quotidien familier. Il s’agit de mettre beaucoup d’amour dans nos actes les plus ordinaires. ‘Je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle.’ C’est la voie de l’enfance spirituelle de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Les petits sentiers bien droits de la vie… N’essayons pas de trouver Dieu au détour d’un périple extraordinaire mais laissons Le nous accompagner dans l’ordinaire de la vie. À chacun, il y a une voix à entendre. Une voix qui nous convie à ‘préparer le chemin du Seigneur et à aplanir sa route’. Elle s’adresse à chacun de nous, personnellement !
En route vers Noël ! Durant cette période, nombreux sont ceux qui se préparent activement à passer une des plus belles fêtes populaires de l’année. Beaucoup vont vivre ce jour en oubliant Celui qui devrait être au centre d’une célébration religieuse. Organiser une belle fête, ce n’est pas un mal. Mais n’oublions pas son sens spirituel. Préparer Noël, c’est d’abord nous disposer à accueillir Jésus en nous. Oublier cela c’est oublier Celui qui est à l’origine de ces festivités. C’est comme si nous organisions un anniversaire en laissant de côté celui qui devrait y occuper la place centrale. Fêter Noël, pour les chrétiens, c’est célébrer le mystère insondable de la venue de Dieu parmi les hommes. Les illuminations de Noël doivent nous rappeler Celui qui est la Lumière du monde. Vivons ce temps de l’Avent comme celui du renouvellement de notre intimité avec le Seigneur.
Nguyễn Thế Cường Jacques